mercredi 16 septembre 2009

Gare du Nord

La gare du Nord, à Paris, comprend une vaste zone d'échange qui relie les grandes lignes aux lignes de banlieue, qu'elles soient en surface ou dans la gare souterraine, là où s'entassent, dans ce qui ressemble plus à un sous-sol de parking qu'à une gare, les banlieusards des lignes B et D, aux noms évocateurs : Saint-Denis, Sarcelles, Villepinte, Aulnay... La zone d'échange, elle, est lumineuse*.

Lumineuse,
mais les voyageurs qui vont d'un pas pressé y songent-ils ?


Dans la foule, une voyageuse se distingue : valise à roulettes, elle ira vers non seulement vers les grandes lignes, mais sans doute vers les TGV et, pourquoi pas ? Eurostar ou Thalys...

Du vague coup d'œil du voyageur préoccupé de son propre trajet, des retards qu'il pourrait subir ne ressort que l'impression d'un mouvement brownien. Il suffit pourtant de patienter : on passe d'une foule indifférenciée à des individualités réelles, diverses, distinctes malgré les apparences.

Ah ! s'attarder : l'inconcevable pour ceux qui auront à passer du train au bus ou à la voiture, anxieux de leurs correspondances, des tâches qui les attendent, de leurs enfants alors même que l'emploi qu'ils craignent tant de perdre en ces temps de crise les contraint à faire en permanence un impossible grand écart.

En s'attardant un peu, en s'arrêtant à peine, on saisit pourtant quelques essences d'humanité dans l'agitation constante que nourrissent cent quatre-vingt-millions de voyageurs annuels, cette foule compacte, cette masse pressée dont chaque parcelle, par contrainte ou par choix (par contrainte plus souvent que par choix) suit son chemin, même imposé par les circonstances de la vie et les systèmes de transport, comme si apparemment chaque individu l'avait décidé lui-même. C'est le pas décidé comme manifestation d’une volonté d’indépendance... ou d'en finir au plus vite avec la corvée des transports !

* Trop pris par mes photos, je n'ai pu me résoudre aux clichés (baignée de clarté, de lumière...).